
Les livres, les libraires, les disques, les disquaires,
Les rencontres fortuites dans les transports, les regards dans le vide assis au bar,
Les retards aux rendez-vous, subis dans l’attente inquiète,
Les lettres manuscrites, les traces d’amour qui jaunissent,
Les mots blessants qu’on a oubliés, le pardon : le pardon surtout.
Les programmes fixes qui passent à des heures inconfortables et que l’on manque,
Les films qu’on voit en famille blottis l’un contre l’autre en automne,
Les orages acceptables en été, la neige en hiver, 140 kilomètres par heure,
Le Minitel, la porteuse, la ligne fixe,
Actarus, Goldorak, Candy, Capitaine Flam.
Le silence, l’ennui des enfants désœuvrés,
Les idées géniales, les idées dangereuses, les magazines,
Les enfants en bande derrière les camions carillonnants,
Les enfants crottés sortant du crépuscule dans la lumière des porches,
Les vols dans les rayons, l’irresponsabilité face aux juges.
Ma mère rassurée, ma mère sereine,
L’immortalité adolescente,
Les médecins qui fument, les décès de vieillesse,
Ma soeur, Max, mes grands parents,
Les possibilités, l’incertitude alliée,
Le nom inconnu de ses enfants, l’avenir habité sans fin.
Crédit image : Tetsumi Kudo