La garenne

Tu étais jeune dans le pays des chiens; tu travaillais telle la pluie
Dès le matin réveillée par les aboiements du brillant futur.
Puis intranquille et cahoteuse montante du transport quotidien,
Tu voulais surprendre en bien.
On te mordait au bureau sous la table et dans les voix
Sortant du téléphone à trente dents.

Tu étais joyeuse aux repas, la jeunesse passait dans les promotions.
Avec les primes de fin d’année, tu achetais du temps,
Mais la garenne aux longues oreilles patientait dans
Tes comptes titres. Tu étais pressée de poser les mains
Sur une moitié de toi, pleurante et faible.

Elle est venue, deux fois, te déchirant par le milieu.
Les dix ans suivants ressemblèrent à la solitude
De l’enfance d’un fils et d’une fille.
Ces années furent une résidence secondaire
Dans un lieu riche et mortel. Deauville peut-être, Méribel encore.

Puis tu pris un avion, tu posas un pied dans le piège
Qui te nargue depuis sans jamais se refermer sur toi.
Il y avait aussi une vie dans cette angoisse,
Dehors quand tu travailles, voici la pluie sans fin
De la Californie du Nord qui mord tout pareil.

Crédit image : Inconnu

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