Ce jour tu dois aller les mains vides, attendre que
Le temps s’écoule pour la femme malheureuse.
Ce jour tu dois partir sans prévenir, ayant eu peur
Qu’on sache ton commerce, comme l’hotelier vend son affaire.
Avec en main le texte vivant face à la forteresse morale,
Avec l’électronique muette face au bonheur, ce jour tu dois
Etre souveraine et prier ton dieu entre les meubles,
Prier ton dieu malgré les mauvais choix que tu fis jadis.
Ce jour tu dois connaître l’absence de place dans
Ce qui somme à cent, considérer le pourcentage
De ta seule vie dans cette somme. Ce jour tu dois porter
Fièrement ton nom bref : Russie, comme disait Essénine
A toutes les femmes qu’il aimait sans espoir.
Crédit image : Reiner Riedler, « Russian Princess », Moscow, Russia, 2004