Les années qui s’annoncent sont des bateaux de rivières
Forcés de prendre la haute mer, notre vie de désir entre les rives
Passe à l’humeur hauturière et de l’horizon ne suive
Les routes circulaires de l’océan : le grand maintenant.
Enfant, les trajets sans distractions paraissaient interminables
Car le temps se déroulait avec lenteur, un invisible passant ;
Puis est venu celui de mettre planche contre planche,
Clou avec clou, créer l’étrave, créer la proue
Sous une nouvelle mesure qui s’est nommée salaire.
Et ce temps finit-il aussi et il reste la comédie solitaire
D’être choisi par son successeur, ainsi
Quel genre de vide, quel genre de mer, quels déserts
Est-il tentant de traverser pour y trouver un sens,
Quand celui ci résidait dès l’origine
Dans l’inadéquation du navire avec la nature du voyage.
Crédit image : Jérôme Pin