
Voilà ce qui s’est passé. On ne m’a pas appelé le 8 Octobre. On m’a appelé plus tard pour me parler des morts excessifs et de la famine. On s’est trompé d’ailleurs. Les morts étaient bien là, tragiques et indéniables. Mais on ne savait plus trop les compter, et on ne savait pas non plus quel ratio serait acceptable dans une guerre, et puis la famine était restée à l’état de risque. On ne savait rien sur l’histoire du conflit israélo-palestinien, on ne mesurait pas les dilemmes, on ne savait rien sur le Hamas, on n’en avait pas besoin.
Voilà ce qui s’est passé. On m’a appelé le 8 Octobre, mais ce n’était pas pour compatir ni pour s’inquiéter. Plutôt voulait on me prévenir que les terroristes arriveraient à leurs fins en faisant réagir Israël et qu’il fallait être prudent. Prudent comme les morts, prudent comme les otages, prudent comme les moutons à l’abattoir. A la question quoi faire, on avait rien à répondre, on ne connaissait rien au sujet, ce n’était pas le problème. Puis l’empathie étriquée avait duré une semaine, et on s’était à nouveau concentré sur la vérité qui n’avait pas disparu : qui était le méchant et qui était le gentil.
Voilà ce qui s’est passé. On ne m’a pas appelé quand une jeune fille de douze ans a été violée parce que juive, on ne m’avait pas appelé non plus il y a quelques années quand une écolière a été exécutée à bout touchant dans la cour de son école parce que juive. On a pas non plus marché dans les rues de Paris contre l’antisémitisme, la chose était sans doute trop précise et l’esprit des vertueux trop élevé pour s’intéresser au particulier.
Voilà ce qui s’est passé. On m’a demandé les preuves que ce parti d’extrême gauche, que je ne veux pas nommer, était antisémite, qu’il était antisémite malgré les faussetés de ses représentants obsédés par Israël, malgré leurs affirmations que « le bébé dans le four ça a été fait par Israël aussi » et qu’Israel « prélève des organes sur les palestiniens », malgré les dérapages à répétition du chef de bande, capable de dire que « Jesus a été crucifié par ses compatriotes ». Voyez vous on ne savait pas non plus que ce chef de bande avait osé affirmer que « l’antisémitisme était résiduel en France » au milieu d’une explosion d’actes antisémites. Et quand on l’a appris, parce qu’on ne savait vraiment rien, on s’est cru malin : ce n’était que de la maladresse, un soutien empressé à la Palestine, mais pas de l’antisémitisme, le sujet d’importance était plutôt la critique larvée que les juifs nourrissaient à l’endroit de l’Islam.
Voilà ce qui s’est passé. On s’est accommodé que la gauche castor s’acoquine avec la France antisémite et soumise. On a trouvé normal par exemple qu’un de ses candidats soit fiché S. Car voyez vous, les fichés S, c’est la banalité, et, voyez vous encore, si l’on est violent et antisémite et fiché S, c’est le hasard et cela ne veut rien dire. D’ailleurs, si d’aventure on employait des fichés S, on leur donnerait des responsabilités. On a affirmé que chaque parti sort ses ordures aux élections. On m’a fait la liste d’ailleurs, mettant à coté du fiché S des élus qui n’avaient pas cet honneur, des élus qui avaient la faute de déplaire, des élus qu’on considérait abjects. Dans cette liste de cinq noms, il y avait deux juifs, et un comique antisémite condamné à de multiples reprises. Autant tout mélanger quand on prépare ce genre de soupe, sinon comment cacher le goût de merde.
Voilà ce qui s’est passé. On avait rien à redire à la discrimination envers les israéliens à l’exposition d’Eurosatory. Et quand on constatait qu’on avait affiché à l’entrée une page d’infamie, interdisant l’entrée à ces israéliens indésirables, on avait rien à dire non plus. Il suffisait de le constater pour se trouver quitte. Quant à ceux qui le déploraient, ils ressemblaient à ces juifs plaintifs du ghetto.
Voilà ce qui va se passer. On aura ce qu’on mérite. On aura le déshonneur qui monte par la route sinueuse et qui viendra un jour frapper à la porte pour se faire payer de sa dette : l’insignifiance. On se sera cru sage quand on était lâche. Après le choléra, il y aura encore des miroirs, avait écrit Giono.
Crédit image : inconnu
Tres bien. Triste que tu ai meme la matière a ecrire cela mais t
❤️😘
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