Il rêvait d’un fleuve qui coulait par la ville
Et des étrangers qui furent sur les bacs
Allant d’une rive à l’autre.
Et si il parlait ainsi c’est qu’il lui plaisait de rêver d’eux
Chaque barque portant une lanterne de fer
D’un équipage las chargé de plus de cinq passagers.
Il posait alors son livre et pensait au futur,
Et comment les nationalistes Espagnols
Crièrent Viva la muerte !
Comme tous ceux qui l’adoraient, cette mort qui vient,
Vêtus du même drap noir de l’idéologie
Qui viendrait et qu’elle fut enchainée à un dieu
Rendu misérable par la petitesse
De ces hommes.
Ce fleuve coulait par les villes
Comme court l’étranger
Et ces étrangers venaient par les villes comme
Les rails d’un train qui produisent l’incongruité
Des gares d’Europe insérées
Au centre des villes.
Où l’étranger Athénien rencontrait l’étranger Berlinois,
Où l’étranger Lisboète rencontrait l’étranger Madrilène ;
Il pensait à celui qui n’eut rencontré
Que des camarades à Londres
Et comment cette ville ne fonctionnait pas ainsi.
Un Eté si particulier où toutes les lignes
Etaient à l’eau vit démarrer
Une grande machine qui fut une crucifixion.
Et il pensait aux lieux de son supplice,
Aux objets de son culte,
A chaque croix laissée vide
Dans la liste des camarades aimant la vie.
Crédit image : Mosaique Hatay