L’inquiétude a fait de moi quelqu’un de mon temps,
La faim fait de moi un citoyen,
La peur fait de moi un résidu,
Et tous ces dieux fournissent en résine le champ de bataille,
Car les amateurs parlent de stratégie
Mais les professionnels s’entretiennent de logistique.
Une grande pauvreté s’étend sur l’éventail des croix.
Coeur noir sur la Seine, coeur noir sur la Loire
Coeur noir live à Paris et
Le sauveur en caméra fixe,
Faites le compte de vos choses réelles.
A cet endroit en mendicité, aux commandements ;
A cet endroit, on s’assoit mon ami.
A cet endroit, on prie mon ami
Qu’il ne nous arrive rien de moins.
J’ai ouvert pour arriver jusqu’à toi
Un nombre impair de portes.
Chaque pièce, une perte de temps
Devant justifier une présence qui ne s’explique,
Une force qui ne s’excuse,
Une somme qui est plus que ses parties.
Père qui sait, mère qui veut
Que soit résumée l’existence à
L’ouverture des tiroirs plus étroits,
Toutes mes émotions sont à fouiller,
Toutes mes certitudes sont à considérer.
L’alternative est pire,
Voici à quoi se résume en entier,
La pente qui va vers les cyprès
Du cimetière marin et de ces choses
Je fais l’annonce publique :
Faites le compte de vos choses réelles,
Avant qu’il ne soit trop tard.
Faites le compte de vos choses réelles,
Avant qu’il ne soit trop tard.
Faites le compte de vos choses réelles.
Crédit image : Thomas Mann par Max Oppenheimer (détail)