La divinité qui vient

Quiconque s’est assis au volant d’une voiture autonome a ressenti l’impression d’une technologie qui vive notre vie à notre place, puisque notre existence est faite d’actes. Et la remarque qui veuille qu’on aurait préféré que l’intelligence artificielle se charge de notre ménage, pour que nous puissions nous occuper de notre art, au lieu de l’inverse, montre assez bien comment le domaine de la substitution s’étend aux tâches les plus élevées.

On s’est récemment ému, et de façon grandissante, d’une religion de la technique, où advient la machine comme un dieu ayant fait son nid au milieu des hommes. Je dis récemment mais on s’en émouvait avant, et de façon plus inquiète, si l’on suit l’histoire de la philosophie ou celle de la littérature. Il n’en demeure pas moins que les illuminations mystiques, et récentes, des patrons du monde digital ont pris le devant de la scène. Elles sont devenues réelles du fait de l’avancement, nous entendons les prophètes d’une divinité qui vient.

Kamel Daoud le dit de façon plus précise, en parlant d’autres dangers : celui qui ne peut pas mourir pas à ma place, n’a pas le droit de vivre à ma place. La sphère technologique a compris l’objection pour elle même, peut-être bien mieux que les forces autoritaires, qu’elles soient politiques ou religieuses.

Comme elle sait bien que la machine vivra de plus en plus d’évènements à notre place, nous en cédant les ersatz, la sphère technologique sait qu’elle doit aussi vaincre la disparition. Il n’y a pas de hasard, c’est bien pour que soit acceptée la substitution de l’homme par la machine que le transhumanisme s’imagine avec autant d’empressement effacer la mort. Voilà la condition cachée de l’acceptation de la technique souveraine : une vie infinie et vide.

Crédit image : inconnu

Laisser un commentaire