
Le ministre de l’économie a qualifié hier les remarques faites par le patronat sur la trajectoire macroéconomique française de « fronde ». Le mot a peut-être été choisi au hasard, le ministre ayant été emporté par son enthousiasme juvénile, lui qui trouve par ailleurs suspect le libéralisme. Mais si il ne l’était pas, il fait allusion à une période trouble de l’histoire de France.
La Fronde se déroule durant la guerre de trente ans, entre 1648 et 1653, à la fin des années de régence de Louis XIV. La cause principale est celle d’une très forte hausse des dépenses de l’Etat, du fait de la guerre, et qui se traduit par une augmentation considérable de la pression fiscale. Une autre cause, secondaire, tient à une politique « inflationniste » de l’Etat qui organise la dilution des privilèges en multipliant l’attribution de charges, un des premiers exemples de shrinkflation.
Le pays connait une guerre civile, qui voit se joindre une population mécontente de la pression fiscale accrue, aux princes du royaume furieux de voir leurs actifs se déprécier. En face se trouve le pouvoir royal et ses différentes manifestations. Mazarin finira pas dénouer les intrigues et Louis XIV, sorti de sa minorité, fera arrêter les rebelles. Parmi les rebelles on comptait le Cardinal de Retz, grand prosateur dont on peut lire les mémoires.
La réponse de Bernard Arnault à Michel Edouard Leclerc (dont, soit dit en passant, les entreprises du fait du fractionnement de leur actionnariat passent sous le seuil de l’impôt exceptionnel qui vient) m’a remis en mémoire une des phrases du Cardinal de Retz : « dans les mauvais temps, je n’ai point abandonné la ville ; dans les bons, je n’ai point eu d’intérêts ; dans les désespérés, je n’ai rien craint.”
Prenons garde de bien savoir dans le mauvais temps, qui défend les intérêts de l’Etat, qui les intérêts du peuple, et qui les intérêts du pays.
Crédit image : inconnu