Le bail des rancunes

Maintenant qu’a été renouvelé pour trente ans le bail des rancunes, aurait dit Saint-Aulaire, le monde s’est mis à la veillée inquiète. L’Iran a usé de missiles depuis son sol sur la terre d’Israël et c’est la fin de la comédie des faire-valoir des monstrueux mollahs. On dit aussi que la Russie se tend à la manière d’un chien dans un fusil, pour mieux assaillir à l’Eté ce qui reste d’Ukraine, et ce sera la fin de la comédie des soutiens militaires à demi.

Les mêmes malins se répondent et s’épaulent. La Russie et l’Iran, et la litanie des dictatures mondiales, partagent leurs indignations. Ils commercent leurs ressources, du pétrole aux drones suicides, en vomissant l’occident. Noyés par les vivats des idiots utiles, on entend plus leurs peuples envier notre liberté.

Il paraît que l’occident est coupable de ses victoires passées. La propagande a infecté les esprits ignorants : vaches au pré, broutant les colchiques et lentement s’empoisonnant, mufles collés au présent gluant des écrans, cachant des armadas de trolls, de Russie ou d’ailleurs. Il paraît que les mollahs qui pendent aux grues de chantier des hommes de vingt ans ont le « droit de se défendre ». Paraît-il aussi qu’ils soient légitimes à martyriser les femmes de ce pays ? Mort à l’Amérique, mort à Israel – mort à nous tous – sont les phrases qu’on entend dans les universités d’élite américaines sous le regard impassible de leurs administrations. Il paraît surtout qu’on laisse la bêtise prospérer en place publique.

L’occident verse sur son extrême droite. Il verse autant sur son extrême gauche, à la manière du navire qui tangue dans une tourmente où il aurait affalé toutes ses voiles. L’extrême gauche nous insulte pour la peine et joue la comédie de sa vertu, n’ayant aucune honte des anciens charniers où elle fut maitresse, et de ceux qu’elle ignore aujourd’hui selon ses préférences. Voici venu le temps étrange où il faut souffrir les leçons de morale de ceux qui ne trouvent jamais rien à redire aux massacres, de la Syrie au Yemen, de l’Ukraine au Tibet.

Mais la guerre vaut qu’on l’évite ! répond-t-on. Oui la guerre est là et on prétendra ce qu’on veut mais le pays qui assaille Israel n’a cure de la souffrance des Palestiniens, et celui qui mange peu à peu l’Ukraine se fiche bien des soit disant Nazis dont il faudrait débarrasser le peuple de Kiev. Ces ennemis viendront nous trouver là où nous sommes. L’or est au plus haut, le bien mauvais augure, voilà l’angoisse qui brille dans ce méchant crépuscule.

Crédit image : Franciabigio

Une réflexion sur “Le bail des rancunes

  1. Lumineux, lucide, l’odeur de la guerre est de plus en plus forte.
    Envoyé de mon iPhone

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